Polissez votre uke ! : supprimez traces et rayures, et faites-moi briller tout ça !
J'ai acheté un Lisa sur Ebay, et le vendeur a eu l'« excellente » idée de dernière minute d'essayer de réparer la table qui était un peu décollée des éclisses en bas de caisse. Pour ce faire, il s'est servi de colle express cyanoacrylate, qui est le pire produit qu'il pouvait choisir (à part l'acétone!). Ensuite il a empaqueté l'uke et l'a envoyé outre-atlantique par avion. Avec l'aide de l'atmosphère confinée du colis et des changements de température, j'ai reçu un Lisa bien amoché et imprimé d'empreintes digitales blanches (fig 1). La superglue avait bouffé le plastique et je pouvais sentir du relief. Il m'a remboursé, mais j'ai décidé de sauver Lisa.
Tout d'abord, j'ai supprimé toutes les traces de doigt en ponçant avec de la laine d'acier très fine (utiliser de la 000 ou 0000). J'ai également poncé toute la caisse car le dos montrait de belles rayures (fig 2). Ensuite je me suis servi d'un touret d'établi (j'aurais pu utiliser un disque monté sur une perceuse) avec un disque de coton très doux pour retrouver le brillant, en prenant garde de ne pas dépasser 1800 tr/mn (fig 3). Pour obtenir un brillant « comme neuf », j'ai ajouté de la cire de carnauba sur le disque (fig 4) et lustré Lisa de nouveau (fig 5). Plus de rayures! (fig 6).
Mon Fin-Der ne pouvait plus conserver l'accord sur les deux dernières cordes après que j'ai mis de côté les magnifiques cordes colorées d'origine (« rouge hibiscus », « bleu iris », « vert fougère » et « orange gingembre »), mais de mauvaise qualité, et les ai changées pour des Aquila. Trop de tension, et les deux clefs ne pouvaient la soutenir. Elles étaient trop lâches.
D'abord, j'ai retiré les colliers des clefs lâches avec une pince à épiler (ils sont juste enfoncés, pas collés) (fig 1 & 2) et ai sorti les clefs en les tournant (fig 3). Pour récupérer de l'épaisseur sur la tige des clefs, j'ai utilisé de la colle époxyde bi-composant Araldite (fig 4). J'ai choisi cette colle parce qu'elle est très forte, mais conserve une certaine élasticité. Ainsi, j'ai déposé une fine couche de ce mélange sur la partie de la tige qui est en contact avec le trou, (en évitant la partie « aérienne » qui reçoit le bout de la corde)(fig 5) et ai laissé sécher toute la nuit. Le lendemain, j'ai forcé les clefs dans leur logement (pas difficile car la colle a conservé de l'élasticité), en prenant garde à bien placer la corde sur le bout supérieur de la clef, de manière à augmenter l'effet de levier (fig 6). Dans le cas où vous auriez mis trop de colle sur la tige, il suffit simplement d'en poncer le surplus avec du papier de verre très fin.
J'ai reçu un Islander Semi-deluxe en deux morceaux (fig 1). Ce n'était pas prévu. J'ai été remboursé, mais j'ai décidé de le réparer.
J'ai d'abord démonté les mécaniques oxydées et ai brossé les rondelles semi-toriques avec de la paille de fer très fine, puis les ai noyées dans le WD-40 (fig 2). La différence était appréciable (fig 3).
Ensuite, le manche. Le problème, avec les manches en plastique creux, est que si vous les recollez directement, vous obtenez une solidité réduite et avec des cordes de tension normale, vous risquez de retrouver rapidement votre uke en deux morceaux... Alors j'ai décidé de remplir les parties jointives avec de la pâte répare-tout de plombier , d'ajouter deux tenons et de coller le tout ensuite avec de la colle epoxy bi-composant (fig 4).
J'ai d'abord farci la tête avec de la pâte et planté les tenons dedans (fig 5). Une fois la pâte durcie, j'en ai fourré le début du manche, et pris les marques des tenons dans la pâte (fig 6). Ensuite j'ai récupéré l'ajustement avec un cutter dans la pâte en excès, afin d'obtenir une jointure parfaite.
Après ça, j'ai préparé de longs élastiques (fig 7). J'ai injecté une bonne quantité de colle dans la « prise femelle » et en ai tartiné sur les faces en pâte (fig 8 & 9). Ensuite collé les deux parties dans la bonne position, et mis en place les élastiques bien tendus de la tête au bas de caisse. J'ai immédiatement pendu l'Islander la tête en bas, de manière à ce que la colle remplisse les trous depuis l'intérieur et à éviter qu'elle ne coule dans la caisse (fig 10). C'était alors le moment d'ôter la colle en excès bavant par la jointure avec un tissu imprégné d'alcool.
Après 24 heures de durcissement, j'ai retiré les élastiques et poncé la réparation avec du papier de verre fin et de la paille de fer (fig 11), puis lustré.
La cassure est toujours visible, mais la réparation très solide (fig 12). Du point de vue acoustique, le son est parfait (pour un Islander). Je pense même avoir gagné en sustain par rapport à mon Islander standard. Voici un extrait de son :
Le Cou tordu : réparez un manche courbe et retrouvez une action décente
Un de mes Flamingos a une action détestable. On a dû le laisser en plein soleil à l'occasion (ou à plusieurs), et le manche s'est arqué, élevant les cordes de 6 millimètres au-dessus de la 12e case (fig 1 à 3). Comme je ne possède pas de presse haute température, j'ai décidé de redresser le manche avec la manière dure, à l'ancienne.
Me servant d'un sèche-cheveux puissant, j'ai commencé à souffler de l'air brûlant sur la touche (fig 4), jusqu'à ce qu'il soit possible d'insérer une règle en métal par-dessous son extrémité.
La colle utilisée pour les Flamingos n'était certainement pas de la colle de lutherie (colle de poisson ou de lapin), mais a semblé réagir à la chaleur.
Petit à petit, patiemment, j'ai continué à souffler et à glisser gentiment la règle sous la touche (fig 5 à 7) jusqu'à décollement complet (fig 8).
J'ai vérifié le manche, il était bien tordu, comme prévu (fig 9), et l'ai limé à l'extrémité supérieure (fig 10). Puis l'ai poncé (fig 11), soigneusement en contrôlant la droiture, jusqu'à la « perfection » (fig 12).
Ensuite j'ai plongé la touche dans de l'eau bouillante pendant une minute (fig 13) et l'ai détordue jusqu'à parfaite planéité (fig 14).
J'ai bien entendu laissé un message (pas très imaginatif...) aux futures générations (fig 15), et recollé la touche sur le manche, avec de la colle epoxy bi-composant. Puis ai serré avec une règle rigide pendant 24 heures (fig 16).
J'ai obtenu un bon résultat avec une touche parfaitement plane (fig 17). Puisque ce Flamingo est muni d'une frette zéro, je n'ai pas eu à ajuster le sillet, mais dans le cas d'une touche sans frette zéro, il m'aurait fallu redescendre les sillons du sillet
d'autant que ce que j'ai limé sur le manche.
Maintenant l'action est impeccable, avec 3 millimètres au-dessus de la 12e case (fig 18).
Stabilisez un crack : stabilisez un crack de la table et récupérez des brûlures
J'avais Carnival soprano en très mauvais état. Il avait de nombreuses brûlures et des points fondus, plus un crack partant du chevalet (fig 1). pas de miracle possible, mais j'ai décidé de l'améliorer.
D'abord le crack. J'ai utilisé une pochette de CD, tracé un rectangle au cutter et ai cassé le plastique selon les lignes (fig 2). Ensuite, j'ai poncé les bords, et mis de l'adhésif double-face sur l'une de ses faces, aprèsavoir diminué
son adhérence en l'appliquant sur mon blue-jean: Ainsi, la face externes resterait plus collante que la face collée sur la rustine,
et après serrage, resterait sur la pince en quittant la rustine de plastique (fig 3). J'ai posé le patch sur la pince et appliqué de la colle epoxy bi-composant sur l'autre face (fig 4).
Puis j'ai appliqué la rustine à l'intérieur de la caisse de l'uke, avec un film posé sur la table, afin d'empêcher que la pince y reste collée (fig 5).
Une fois le crack réparé (24 heures de séchage), j'ai poncé toutes les brûlures et points fondus avec des cales de papier de verre au mordant dégressif : 240, puis 400 puis 600, et complétai avec de la paille de fer très fine #000 (fig 6).
J'ai pratiqué la finition en lustrant l'ensemble de l'ukulélé avec un disque de coton doux à la cire de carnauba (fig 7), et ai récupéré un Carnival en bien meilleure forme.
Il n'est pas parfait car il reste les ombres des brûlures qui avaient profondément coloré le plastique... (fig 8 à 12).
Euh... Celui-ci était une quasi-épave, des cracks, des trous, de nombreuses traces de colle laissées par le précédent propriétaire, ainsi qu'une mauvaise action (toutes les cordes touchant la 12e frette à vide) (figs 1 & 2). Je savais d'avance que je ne pourrais pas masquer les bordures blanchâtres du plastique cassé. Donc mon but était la stabilisation structurelle et la jouabilité.
D'abord, j'ai poncé l'intégralité de la bête (figs 3 à 5), de manière à effacer toutes les horribles traces de colles laissées lors d'une réparation sommaire. Papier de verre plus laine d'acier ultra-fine.
Ensuite j'ai rebouché les trous. Pour ce faire, j'ai utilisé de la pâte Fimo. Par chance, j'en ai trouvé une référence ayant pratiquement la même couleur (fig 6). J'ai donc bourré la pâte dans les trous (fig 7). Normalement, il faut cuire la Fimo au four à 110°C une demi-heure durant pour la faire durcir. Je n'étais pas très chaud pour cuire mon Islander-rainette au four. J'ai supposé que les 30 mn étaient nécessaires pour des parties épaisses, et comme les miennes étaient fines... L'eau bout à 100°C, mais l'eau salée à 105°C. Alors j'ai saturé en sel l'eau de ma bouilloire, et versé un litre et demi de cette soupe brûlante sur la partie réparée par petits gorgeons (fig 8). Bien évidemment, j'avais préalablement chauffé mon Islander à l'eau très chaude du robinet, afin d'éviter tout choc thermique et de provoquer de nouveaux cracks. La Fimo a donc durci.
Ensuite j'ai plongé la tête de ma rainette dans de l'eau brûlante (fig 9), et fus capable, à l'aide d'un couteau tranchant, d'en séparer la plaquette de tête sans aucun dégâts (figs 10 à 12). J'ai fait cela dans le but d'« ouvrir » le manche, et d'y verser de l'eau salée bouillante pour solidifier la Fimo par l'intérieur (fig 13).
Ensuite j'ai versé une seringue complète de colle epoxy bi-composant au fond du manche pour obtenir une parfaite solidité à cet endroit (figs 14 & 15). J'avais d'abord bouché les trous « naturels » sur les côtés de la base de la touche, afin d'éviter de voir de la colle s'en échapper (fig 16).
J'ai recollé la plaquette, après avoir laissé un message aux futurs aliens qui répareront de nouveau cet Islander (fig 17), et ponçai la réparation (fig 18).
Après cela, j'ai fabriqué un nouveau sillet pour relever les cordes. Si le manche venait à se tordre dans le futur, je n'aurais qu'à limer un peu ce sillet. Pour cela, j'ai utilisé un sillet brut en os, l'ai limé, scié and poncé (figs 19 à 24). J'ai arasé le sillet d'origine, tracé des croisillons de prise (fig 25), et collé le nouveau sillet.
L'angle des cordes avec le sillet devenant de fait plus aigu, et pouvant occasionner trop de pression sur lui, j'ai injecté un peu de colle dans les fentes du chevalet, de manière à reculer le point d'émergence des cordes, et augmenter leur angle avec le sillet (fig 26). J'ai obtenu une action plutôt correcte (figs 27 & 28). Puis pratiqué une bonne session de lustrage pour faire retrouver à ma rainette son brillant d'origine (fig 29).
Comme prévu, cosmétiquement parlant, mon travail n'est pas un succès. Mais l'uke est désormais jouable comme tout autre Islander, très solide, et avec une qualité de son normale pour cette gamme d'ukulélés (fig 30).
J'ai acheté pas cher une ukette Carnival avec une clef manquante. Trois cordes ne suffisant pas à un ukulélé, j'ai dupliqué une peg. Pour ce faire, je me suis servi d'une petite boîte que j'avais réalisée en plaque d'aluminium, avec de la pâte à modeler au fond, et des formes en Fimo solidifiée pour préparer des évents (sortes de cheminées) ainsi qu'un cône de coulée (figs 1 & 2). J'ai incrusté une peg dans la pâte molle et ajouté des tiges en Fimo dure de manière à rejoindre le futur circuit d'air (fig 3).
J'ai ensuite préparé les justes proportions de silicone et de durcisseur, plus de l'huile de silicone (pour éviter les bulles) (fig 4) et j'ai coulé la mixture dans la boîte (figs 5 & 6).
Après une nuit de prise, j'ai retiré la silicone, ayant obtenu la moitié du moule (fig 7). Nettoyé, placé des bâtonnets de plastique et un cône dans les trous, et tartiné de la vaseline sur la silicone pour être certain que la prochaine coulée n'attache pas. (fig 8). Replacé le tout au fond de la boîte, avec la clef d'origine (fig 9), et de nouveau, fis une mixture de silicone et l'ai coulée (fig 10). Après prise, J'ai démoulé le tout (en m'aidant des percements de ma boîte d'alu (fig 11)), et récupérai mon moule en deux parties (fig 12).
J'ai nettoyé la vaseline et talqué les deux parties (fig 13). Ensuite, j'ai gentiment enserré le moule entre deux plaques d'alu avec de la duct-tape. On peut voir ici le cône de coulée et la cheminée du circuit d'air (fig 14). Prêt à couler! J'ai donc pesé la résine polyuréthane et le durcisseur en proportions 50/50 (fig 15), et coulé le mélange (fig 16). La résine que j'utilise est très rapide et au bout de 5 minutes, j'ai démoulé (fig 17) et obtenu ma clef brute. Après ébarbage avec une lame de bistouri, j'ai enfin obtenu ma quatrième peg, ayant les mêmes défauts que l'original! :) (fig 18).
J'ai également copié d'autres clefs avec un procédé plus simple. Juste posé la peg sur un lit de silicone (fig 19) et découpé les évents et circuit d'air après coup (figs 20 à 24).
Des formes plus difficiles peuvent être obtenues de la même manière. Pour une clef Emenee par exemple (figs 25 & 26). Ou en utilisant des colorants dédiés aux résines polyuréthane. Voici les pegs que j'ai coulées pour un TV Pal (figs 27 à 30).
J'ai aussi moulé/coulé une plaquette de tête d'un Islander par les mêmes moyens (figs 31 à 36).
J'ai un Golden Banjo, de chez Emenee, dont la peau était très détendue : le chevalet ne pouvait pas soulever suffisamment les cordes au-dessus des frettes. Impossible de la retendre car les trous de la peau étaient déchirés. Pire : impossible de tourner la peau d'un certain angle et de percer de nouveaux trous, car le précédent propriétaire l'avait déjà fait, comme on peut le voir sur la fig. 1 (le tampon original de placement du chevalet est retourné). C'était donc le moment de changer la peau, choisissant la jouabilité contre l'authenticité.
J'ai dévissé la tête et démonté (fig. 2). je n'avais pas envie de trop dépenser pour cette opération, alors je n'ai pas acheté de peau de banjo de qualité, mais une peau de rechange de tambourin, sur Ebay (fig. 3). Ensuite, je l'ai trempée dans de l'eau tiède pendant 15 minutes (fig 4). Avant de retirer l'anneau de métal intérieur, j'ai marqué un repère car les 8 trous et écrous n'étaient pas distribués très précisément (fig 5).
J'ai placé la peau amollie entre la tête de plastique et l'anneau de métal (fig 6), et pressé jusqu'à ce que la peau soit bien en place (fig. 7). Un repère sur la peau également, et un point dans le trou de chacun des écrous (fig. 8). Après ça j'ai retiré la peau et percé les trous au poinçon (fig. 9) puis replacé la peau entre les anneaux. J'ai coupé le surplus de peau avec un cutter, et forcé tous les boulons dans les trous (fig. 10).
Finalement j'ai remis en place la tête sur le banjo, et vissé les boulons dans l'ordre 1-5-7-3-2-6-8-4 : un peu serrés mais pas trop (!) (fig. 11). Après une demi-journée de séchage, j'ai serré les écrous suffisamment pour obtenir la bonne tension. Et voilà! (fig. 12).